J’ai découvert le pot aux roses 20 ans après le jour du meurtre de Marie Trintignant qui avait vingt ans moins quelques jours de plus que moi.

La bibliothèque.

Une population était avide de savoir. Elle se sentait délaissée et perdue, parmi une nature et des villes qui ne résonnaient plus, dans un climat terne et répétitif. Elle eut l’idée de se condamner à vivre dans une bibliothèque géante pour sortir de sa situation. Enjouée, elle mit des années à la bâtir, et chacun mis sa pierre à l’édifice. Nous allons nous extraite de notre situation, nous affranchir de notre condition. Tous furent heureux, bien que certains sourires furent suspects. Qu’allez vous faire, les prévinrent quelques gens, le monde n’est il pas déjà une bibliothèque ? On leur dit qu’on avait bâti les bibliothèques avec le monde initial, et que certains penseurs n’avaient jamais écrit, mais ils ne voulurent rien entendre. Ils bâtissaient, sans cesse avec plus d’entrain, leur immense bibliothèque. Nous y vivrons pour toujours, nous y serons follement heureux. Ils inspirerent un auteur nommé Borges, qui écrivit la nouvelle La bibliothèque de Babel, et la glissa dans le chantier peu de temps avant de mourir. Il laissa ces mots dans son livre : « Si jamais tu trouves ce livre toi, étranger, ne le montre à personne, je te souhaite d’avoir le temps de réaliser mon rêve ».

L’être humain est naturellement peu sensible au mal. C’est un fait bien naturel et sain qu’il ne s’effondre dès qu’un mal est commis. Envers ceux qui lui ont été proches seulement il éprouvera plus ou moins d affliction selon le mal qui est advenu. Le narcissime pathologique se révèle ici : il est insensible ou prend du plaisir au mal qui est commis à proximité, ou bien il pleure un intérêt perdu. Le totalitarisme a cette fonction identique d’une population commettant le mal envers les siens. L’unification prend un caractère pervers quand les parties de cette unité n’ont aucun lien entre elles, ou bien quand les unes exploitent les autres. Des entités bizarres se forment, une laideur apparaît que certains artistes savent sublimer. Des artistes qu’on dit parfois dégénérés.

L’Amérique du Sud.

Il faut aller recruter en Amérique du Sud, en Colombie par exemple, les initier à ma doctrine, politique, religieuse, culturelle, ésotérique, etc. Former une milice et les faire venir en France. 5000, 6000 hommes, qu’on les fasse dégager. On peut pas laisser passer cela chez nous. Ces gens là sont très croyants, sains d’esprit, etc. Et ils n’ont pas peur de frapper. Il faut calmer cette racaille. Allez les recruter là bas, formez les et faites les venir ici. Je compte sur vous. On va les calmer.

Le paradoxe de Lucrèce.

Lucrèce dit un jour : « Je n’ai pas besoin de croire en vos dieux car j’ai de l’immanence en moi ». Des gens semblaient intéressés par cette doctrine, toutes sortes de gens. Ils voulaient se libérer des dieux. Peu à peu les gens adoptèrent sa doctrine et cherchèrent l’immanence en eux. Pour cela ils créèrent des métiers d’artisanat, puis des industries, des routes, des autoroutes et des aéroports. Lucrèce revint alors et leur demanda : « Comment avez-vous construit tout cela ? ». « Avec nos bras » répondirent les gens. « Avec vous-même ? » leur demanda Lucrèce. « Oui ! ». « Où avez vous cherché tout cela ? ». « En nous même ! ». Puis Lucrèce leur dit : « Pensez-vous qu’il y ait encore des dieux ? ». « Non plus aucun assurément ! ». Lucrèce resta alors songeur, face à une bretelle d’autoroute. « Jusqu’où comptent ils aller… ». « Jusqu’à Mars lui souffla t-on, pour trouver un peu de fraîcheur, car ce que tu nous as pris, sombre assassin, c’est notre âme, notre bonheur et nos sentiments ! »

Le grand moment kantien.

Il n’y a pas d’autorité en soit, mais des personnes qui veulent prendre l’autorité des autres. L’autorité légitime devrait s’estimer en fonction de la valeur d’une personne, mais le problème est que l’autorité dévalue la valeur en soit. L’autorité n’a de valeur, par conséquent, qu’en fonction de la véracité de sa parole.

La terre promise.

J’ai marché en terre promise, oh j’étais le Florian de toujours, le Florian que j’ai toujours été. Elle était simple et évidente, j’ai marché en terre promise. Il n’y avait qu’une seule vérité, c’était celle de soi-même. Aucun phénomène ne me contrariait. On pouvait penser et rêver, on pouvait être soi-même. Les gens veulent un monde meilleur. J’ai toujours été égoïste et j’ai un peu triché, j’ai pris leur travail pour y accéder plus rapidement. Mais quoi qu’on en dise, je n’ai pas violé la loi. J’ai juste été malin, j’ai pris le meilleur de l’humain. Des gens disaient : il est la terre promise, il sait où est la terre promise ! Mais j’avais juste pris leur labeur et synthétise leur travail. Vous connaissez la suite : j’ai été enfermé pour avoir trahi l’espèce humaine, et beaucoup tentaient d extorquer mes secrets.

La frontière.

L’inversion de la vérité objective et optimale crée des remous et des dysfonctionnements. La pensée n’a plus un libre cours. Pour les adeptes de l’inversion, une part d’eux même fonctionne à plein régime, mais l’autre est à un point mort. Ils sont tels d’excellents sportifs courant au bord d’un gigantesque mur frontalier, chantant les louanges du pays voisin, ou plutôt espérant un jour le peupler. Pour les réfractaires à cette inversion, ils sont encore les habitants de cette terre promise. C’est comme s’il y habitaient déjà ou ne l’avaient pas quittée. Ils ont encore des mœurs anciens ou à venir. Il leur reste un pays en eux.

Vous savez pourquoi je déteste être à zéro, quand il n’y a plus d’immanence ou d’ivresse en moi ? Car on peut dire que vous n’êtes rien, rien dans ma vie en tous cas, ce qui revient au même. Tout doit ainsi provenir de moi et uniquement de moi, parfois avec quelque support où l’autre a un semblant d’existence, que j’anime moi-même par ailleurs. Le terme moi vous semble revenir souvent dans ce texte ? Eh bien vous devriez comprendre pourquoi. Mais allons plus loin encore : n’êtes vous pas les exploiteurs froids et insensibles de mon soleil intérieur ? Et comment ferez-vous quand vous n’aurez plus de ressources d’exploitation ? Croyez-moi, quand il n’y a plus d’immanence en soi, il n’y a plus rien, sauf l’exploitation.*

  • Ou bien son dérivé la séduction, chez les hommes comme chez les femmes.

Interesting.

Le saut du tremplin de Théodore de Banville.