Fleur d'hubriscus

Quel est cet étrange sursis Qui fait du garçon de chevet la tendre texture Et la colle du bleu d’un autre jour Il y avait de ces mottes de terres sur des pentes Et de grands arcs sillonnaient les descentes Le vent faisait bouger les touffes Et les terminaisons s’enlaçaient au bras de ce ciel Il y avait dans des maisons de vraies irréelles Des fleurs obtuses qui jamais ne s’éteignent

VERRERIE

Des perles bavent sur les dermes
Et les balles que tu envoies
Toucher le mouvement cristallin
De ces pépiements souterrains

Le rêve est un tranquille gisement
Dans la surface unique et vierge
Où dorment des étranges faisans
De verre et de cristal coupant

La neige s’en prend à nos lagunes
Et nos voix taisent nos murmures
Dans la fin de nos amertumes
Nous sommes si bien sur le levant

ARBRES D’HIVER

L’espace pèse sur les matins
Quand ton impérieux désir est délaissé
On marche sur de la glace féconde
En attendant qu’elle fonde

On remplit des desserts de cette glace
Puis elle se caramélise dans les fours
Où nous peinons à nous extraire
Quand viennent les jours d’été

Les arbres meurent cet hiver
Mais le long des maigres mains
Décharnées et tortueuses des arbres
J’obtiens ta grâce impérieuse

La vérité est le seul pouvoir. Plus vous vous en approchez, plus vous êtes en mesure de discuter avec l’incertain, le sublime, plus les évocations sont rares et subtiles, plus vous tremblez à l’approche des choses, et plus vous êtes tranquilles à l’idée que vous toucherez sans cesse plus de vérités, sans cesse plus de bonheur. L’inconcevable est à ce prix.

MARGE

Le vent prend les tournures
Des alchimies qui touchent les veines
Libres et destinées aux ternes
Rivières qui limitent notre terrain

Nous sommes sur le peu de vie
Que laissent les pneus dans le sable
Et dans l’espoir qui n’a plus de forme
Mais de l’esprit dans les coraux

Dans les sables qui touchent la bordure
D’une écume saine et dentelée
Subtile dans la fluorescence
D’un sentiment écervelé

Verrerie éveillée.

ELLIPSE

Les boucles fluorescentes de ta vie
Les ternes victoires sous les arcs
La méchanceté de ta crinière
Vase bleu pénétrant les orfèvres

La branche touche un ciel sans
Matière autre que le levain
Des cellules et des pores altiers
Dans le port de la grammaire

Le sein des hospices qui tiennent
Dans une levée de fougère
Des chairs qui sont irréelles
Et des fuseaux qui nous drainent

EKPHRASIS* (à F.B.)

La branche cassée touche le soleil
La branche fêlée ouvre ses dents
Les dents de sa fêlure au monde
Le temps caresse sa longue fêlure
Sa lente agonie dans la forêt

Au bord du chemin que couvre
L’aléatoire des stigmates
Des haies qui stationnent
Des plaies qui fusionnent

Elle est la branche fêlée qui s’ouvre
Et donne au temps la couverture
De ses si fines synapses

*l’ekphrasis sert de métaphore et de mise en abyme de l’acte créateur.

Une personne fragile ne le laissera jamais entendre, ni par ses mots ni par ses prétentions.

Mes mots vous font peur, alors que je suis fragile et innocent. Les mots ne seront jamais violents, mais les actes peuvent l’être, même les actes les plus ordinaires. Des actes en furie peuvent être fragiles et innocents, que des personnes sans ces deux vertus jugeront violents. Mais leurs actes ordinaires, même banals et convenus, je les trouve souvent angoissants et vulgaires. Je trouve certains actes qui ne sont pas les miens orientés vers une robustesse dont je suis incapable, si ce n’est d’en jouer la comédie quelques temps, si je vais bien, avant de m’en retourner à une mélancolie, simple et subtile si je suis seul ou éventuellement bien accompagné, par des gens fragiles, ou bien poisseuse si je suis vraiment seul et mal accompagné, le plus souvent. Mais j’ai mes propres compagnies, fragiles et innocentes.