septembre 12th, 2016 § § permalink
Jeune fils d’un Franc-Maçon, acoquiné avec un bon nombre de frangins de la région de toutes professions, notamment médicales, je n’avais pas trop à me soucier de l’avenir, sachant que quantité de fric se brassait d’une villa à l’autre, des sites protégés et sauvages aux hauteurs du nord, parées de belles Maserati. Voilà comment je gagnais mon argent, en satisfaisant les uns, en aidant d’autres et en apportant du grain à moudre parfois électrique à leurs discussions que je suivais de loin.
Mon avenir était tracé et je n’avais qu’à monter une petite entreprise, bosser avec un tel ou un autre, ou encore m’avancer dans le monde des arts avec toujours en coin le sourire d’un mécène intéressé.
A cette époque je les voyais à la bonne, il riaient beaucoup, bons vivants, spirituels sans être lourds, c’est à dire qu’ils avaient pleinement conscience de leur caractère laissé en l’état. C’était un jeu, entre rites et déisme, loin de l’immanence et ses vicissitudes. « Mais ne soyez pas trop humain, vous ferez des erreurs. Nous, vous savez, nous sommes pleinement diplomates. Le plus haut gradé qui soit, il n’a pas plus de mérite que vous. Vous connaissez sûrement une histoire qu’il ne connaît pas et même et surtout, venons-en à ce point précis, une initiation, car elles poussent un peu partout dans la nature et la ville, et la marchande de poisson risque de connaître déjà la révélation ultime. La voilà qui rit et grince des dents. »
septembre 12th, 2016 § § permalink
Alexandre dans le salon, buvait un thé froid. « C’est quoi ces fleurs à l’angle ? Des hortensias rouges, on les appelle les hortensias psyché en raison de leur couleur, et ces bâtons qui tombent à la verticale, et là ce sont des jonquilles jaunes, beaucoup moins agressives, délicates, très, très provinciales, comme un feu, une moisson dans la capitale. Tu n’y connais rien en fleurs Céline, tout ça ce sont des idées volages. D’ailleurs ça sur ton bureau c’est une orchidée. Oui c‘est vrai, parce que je dois, nous devrions tous leur ressembler, nous recueillir, et puiser l’essence, la sécurité, le rêve et le sommeil dans une corolle imaginaire. »
« J’aimerais que tu te libères de ton obsession. Toutes ces fleurs, ces lampes cannelées, ces cannes vernies, et ces fauteuils en cuir datés. Tu veux creuser une bulle, comme si tu voulais le ventre de la Baleine en plein Paris, naviguer dans un îlot isolé, tranché, avec ces effluves et ces murmures qui trempent tes narines et tes mèches tandis que tout le monde trime à un rythme de dingue juste en bas. »
« Je n’en ai aucune envie, je vois que tu orientes toutes tes directives à mon encontre, et pour cela tu utilises un bon sens dont tu ne sais rien du tout. Ca ne changerait rien qu’il y ait des fleurs ou pas. J’attends quatre autres bouquets, très petits, et deux que j’irai chercher au magasin, des roses et des géraniums »
« Des Géraniums, tu veux une maison de fleurs, un appartement floral aux quatre murs de jungle, tu vas t’étouffer, tu vas attirer des colonies d’insectes que tu avaleras un par un. »
« J’ai besoin d’un cocon d’accord, quelque chose de mobile, de vivant de vibrant, c’est juste ce qu’il me faut pour fuir cette ville et ses habitants les citadins gris comme le goudron qu’ils martèlent. J’ai ce besoin, et il me l’est accordé, de concentrer dans mon espace toute l’individualité, enfin toute la projection qui est la mienne. Je resterai raisonnable, je pourrai marcher, aller à l’étage supérieur jusqu’à la petite véranda. Mais celle-là, je veux quelle abrite une portée de bébés panthères ! »
juin 30th, 2015 § § permalink
Comment savoir, si ces femmes brunes aux lunettes noires ont de la consistance ou pas ? Je propose qu’on leur tape dessus, qu’on tape très fort sur ces têtes jusqu’à en extraire la moelle cérébrale. Taper sans scrupules, sans hésitation, faire jaillir des geysers de sang de leur cerveau, taper sur ces têtes pour vérifier si oui ou non elles recèlent ce prétendu mystère. Une fois la tête rabougrie comme un melon sous une armoire, si jamais une âme monalisienne était en sa possession, quelques miasmes sûrement, s’échapperaient de cette tête crevée.
avril 27th, 2013 § § permalink
L’évolution se fera sur trois niveaux : le travail, les services, et le nombre.
D’abord le travail, tel qu’il est soumis aux avancées technologiques et au régime capitaliste, tend à diminuer par la base pour atteindre, progressivement, un sommet unique. Si bien qu’une seule personne, tôt ou tard, pourra subvenir aux besoins d’une entreprise et en récolter tous les fruits.
Ensuite, l’économie de services, services qui par extension ont toujours été la finalité du travail, à savoir l’amélioration de la vie, mais ici assujettis à un besoin qui ne sait plus se voir – j’entends par là qui ne sait plus ce qui est bon pour lui – l’économie de services aboutira à ce qu’on peut appeler un cerveau géant, qui sera maître absolu de lui même.
Il faut bien comprendre que les services d’abord recherchés pour un mieux vivre, une diminution de l’effort, sont en eux-mêmes une aliénation de l’esprit et une négation du corps, jusqu’à ce que, dans l’optique de l’économie de services, le corps lui-même disparaisse jusqu’à sa seule protubérance nécessaire pour faire tourner le régime : le cerveau.
Ce cerveau sera l’unique entreprise à venir.
février 27th, 2013 § § permalink
Nous arrivons maintenant sur les terres françaises, dit … à Florian. Ce sont les terres les plus attendues du globule, tout le monde rêve d’y aller, et ce pays a la réputation de ne jamais décevoir. – Quels sont les mœurs des Français ? demanda Florian. – On dit qu’ici tout est charmant et que l’amour, les jeux du charme et de la surface circulent en toute liberté, et que le plus bel avantage est que tous obtiennent leur plaisir. – Intéressant, dit Florian, mais assurément, tant de concours ne décident-ils pas de quelques infortunes ? – On dit que non, on dit qu’il y a tant de choix de partenaires que tout le monde est satisfait, mais surtout que les femmes y sont d’une simplicité festive. – Très bien, j’ai donc tous mes espoirs que nous y soyons bientôt. – Cependant, et pour finir, dit … ce n’est là que ce que l’on dit, je n’y ai jamais mis les pieds.
octobre 24th, 2012 § § permalink
l’intelligence est une véritable plaie. elle te fait souffrir tant de connexions qui plongées au cœur du trouble. au cœur du réel le plus corrosif d’une société foutue. te plonge dans l’abrutissement.
l’intelligence ou son pendant affectif. tellement subtil. te grossit d’abord le monde en une succession d’ailes fécondes. puis manie les pinces. te congédie dans la crise et le déséquilibre. qui a dit que le bonheur drogue avant de tuer.
enfin repliée tout au fond d’un verre de rhum. dans une quelconque bâtisse tu rêves qu’elle puisse. tu rêves qu’elle soit moins vaste. mais la quasi infinie ne supporte aucune réduction. pas moins qu’un pauvre fou qui rêve à brûler la fraîcheur de son rêve.
juillet 1st, 2012 § § permalink
Bondage et Kubiak reniflaient dans l’air les miasmes de carotte. Tout fleurait l’acide folique, leur démentielle course à la carotte. Ces éternels plats sucrés et savoureux dans lesquels la carotte peut être consommée leur moussaient le cerveau. Le premier arrivé, le premier qui avalerait le plus petit soupçon de bêtacarotène serait en possession des transes du légume juvénile, injustement maltraité par le bâton parental. Bondage et Kubiak entamaient leur soirée, sujets aux symptômes du légume imaginaire.
avril 22nd, 2012 § § permalink
Pourriez-vous ne plus exclure d’emblée le cri primitif poussé par un quelconque trou du cul qui vous le porte à la face, ce cri en définitive est tout à fait recevable quand on y pense, ce n’est rien qu’un cri comme les autres venant du fond du gosier. Vous le confinez dans la folie de sa passion première en ne le recevant pas. Ecoutez un peu plus longtemps ce cri venu des profondeurs, vous verrez ô combien il porte.
Ce cri n’est pas plus étranger aux geysers qui crachent que n’importe quelle bonne parole, vous devez apprécier toute son intonation, sa signification et ses charmes. Ce cri vous chie à la gueule toute la merde qui vient des galeries profondes que vous avez vous-même chiée. N’épurez pas votre propre merde sans vous soucier de ceux sur qui vous avez chiés.
Nous avons droit, nous autres merdes de remonter à l’origine de notre chieur et de lui lâcher sa merde qu’il nous a porté à la gueule. Nous avons droit à l’expression, fusse t-elle profondément merdique. Soyez convaincu que les égouts portent toute la poisse de votre fortune et qu’elle jaillira au travers de votre trogne tant que vous chierez.
avril 15th, 2012 § § permalink
Michoux a cru un temps à la poésie, la belle, la très belle poésie. Pas celle qui saute aux yeux, vous savez, celle qui remonte à la surface.
Le voilà démuni de ses forces. Rabougri comme un chien, chancelant comme une flammèche.
Hier c’était la grande, la belle, la fugitive, aujourd’hui c’est la biscornue, la trépassée, la rapetissée.
Le voilà tassé sur ses genoux, à médire envers ceux qu’il a aimé. Sa connaissance n’est plus que simple conscience cloîtrée dans un coin. Il n’apprécie plus rien.
Michoux se souvient, vaguement, le soir, puis oublie, définitivement, à la tombée de la nuit.
mars 4th, 2012 § § permalink
la cloche amène. la cloche, laquelle ? et le vomis des cieux, le tendre vomis, rien à dire. et alors ? alors les choses vont leur train. et qu’y a-t-il à en tirer ? pas grand chose. les choses vont leur train.
ennui du dimanche, ennui du rien. je ne souffre plus, je fume, nulle part et ne souffre pas. nulle part et ne dis rien que le vomis du nuage, le velouté, la bonne flore intestinale toute faite du velouté. vraiment rien.
la poésie contemporaine est la poésie de l’ennui. c’est fini l’enfer du poète, maintenant on poétise l’ennui. le millier d’ennuis vous fait un beau vomis de coquillettes. le poète édité est tiré d’affaire. le poète aux coquillettes.