La luxure est le symptôme d’une carence hédoniste et sexuelle. Il n’y a pas plus frustré sexuel qu’un.e acteur.ice pornographique, qui sont de véritables âmes errantes dans le domaine du plaisir et chose surprenante, y compris dans le domaine sexuel. Leur plaisir est tellement faible et limité qu’iels deviennent de véritables idéalistes du sexe, suppliant un dieu absent de leur accorder du plaisir. Leur anhédonie permanente les oriente toujours plus vers cette recherche effrénée et inatteignable du monde du plaisir. Iels deviennent étranger au monde, ne s’octroyant plus le moindre plaisir, mais ressassant, suppliant le bonheur de toutes part de leur porter secours. Le monde leur est une énigme, le plaisir, l’amour, la joie, tout leur est inaccessible. Iels s’enferment dans un schéma où plus aucune chair cosmique ne subsiste. Iels sont décharnés, errants, ignorants et ignorés, handicapés face à la grâce du monde. Leur secours spirituel, faible et amputé, les laisse pantois face à l’énigme du bonheur. Les vieilles lunes du social et de la famille sont leurs seules balises. Iels s’enferment dans un monde sans plus de curiosité, d’étonnement, d’ouverture. On entonne partout que l’amour est mort. La cosmétique, les produits de luxe, la haute gastronomie sont le seul avenir, la seule voie de sortie, le seul horizon. Le capitalisme financier est le miroir de l’exploitation humaine, l’auto exploitation. Le monde devient carnassier, sournois, vengeur. La frustration de ne pas obtenir son désir redouble. On crie à l’idéalisme, au monde meilleur, et le monde, mécontent de ses sujets, leur offre la punition des flammes.
Quand des humains parasites ont un projet en tête, le parasitisme devient leur horizon, leur cerveau devient celui d’un insecte, leur désir, leur comportement, leur existence entière est celle de l’insecte poussant sa boule d’excrément. Leur raison, leur entendement, leurs facultés deviennent celle de la fourmi, leur morale celle du cloporte. L’avenir celui d’une termitière.
Vous savez bien sûr qui était l’ignorant au sens où l’entendait Jaccottet. Mais mon texte du dessous bien entendu, n’était pas tout à fait exact. C’est à dire que j’ai un stock de savoir tellement puissant et ordonné qu’il me permet de ne plus penser. Savez-vous aussi qu’écrire est une douleur ? Savez-vous aussi que je détecte vos petits rires et sourires légers et totalement obsessionnels à mon égard ?
Mon secret est que je pense beaucoup moins que vous. Je suis un parfait ignorant, et j’ai du mal parfois à comprendre ce que des gosses savent comprendre rapidement. Je suis incapable de suivre un cours magistral ou un film au cinéma. Je pense très lentement et lis seulement quelques pages quotidiennement. Quand vous me voyez avoir l’air pensif, je ne pense en vérité à rien du tout. Cependant, j’ai remarqué des fulgurances de ma pensée que vous auriez du mal à croire. Vous n’avez pas idée de la rapidité avec laquelle je peux synthétiser des informations, et dans une grâce inouïe.
Je crois pouvoir dire que je suis une personne sans aucune contradiction. Mais tout cela ne tient qu’à une seule chose : mes nerfs ne le permettent pas. Cela m’étonnerait qu’ils aient programmé cela dans mon génome, mais cela tient aussi à la maladie et au cannabis : ils m’ont immunisé contre le mensonge et le calcul. Comme Artaud qui avait souvent mal du simple fait de penser, mes nerfs cérébraux sont incapables de subir ce qui n’est pas vrai, profond et lointain. Je suis l’antidote à la violence et le Christ lui-même parfois me paraît confus et négligeant.
Quand je travaille un peu trop je ne me sens pas plus fatigué qu’après avoir vu un film au cinéma, assisté à un cours de deux heures ou effectué une visite au musée. Tu vois ? Donc je suis plutôt gagnant.