Mojave ghost.

Collage : Edward Barrow

LE MAL

La pellicule était tellement fine
Des gens sont envoyés, des gens disputent aux nervures fines
Ce qui n’est plus, ils veulent que plus rien ne soit
Et plus rien n’est. Il reste l’agissement spectral
Le tout amour et la toute détresse qui étaient
Il n’y avait pas de mots. Le comportement a détruit
La gangue des mots. Il reste le mal
Il reste la douleur. Il n’y a plus de musique tu entends
On a tué cette métaphore qui trainait
Avec sa cape dans ce désert
Dans cette périphérie

Série « Tellurique », par Faustine Ferhmin

https://www.instagram.com/faustineferhmin/

Dessin : Lucie Kerouedan.

LE COEUR OUVERT

Je suis au fulminement, cela transpire
Et découpe les petites tranches du bois mélodieux
Dans une prairie sylvestre et mentale
Elle attache des rares esquives

La beauté poétise, voir est indicible
Le regard est une ligne ouverte
Et mes yeux sont le panorama
Des éclaircies plates

Des velléités sommaires, j’ouvre le grand
Sens du large et j’ai voulu dire
Que jamais rien ne s’arrête
J’ai voulu garder l’empreinte céleste

ASPHALTE

Nous levons le pied sur l’asphalte qui brule
Il peut être dur et vertigineux
Quand les cadenas se ferment

Mais si l’aréole de la route sublime
Les tours et les vaisseaux des bras
De cette tour suprême des arbres

Nous recadrons les limailles de fer
Nous rongeons les armatures de bois
Et nous stationnons dans l’orfèvre

VALLEE

Si nous puisons à l’affiche la belle
Et la devanture espiègle de faux bois
Cela se referme dans une faible lumière

On touche le creux d’une vallée urbaine
Où montent et descendent des souterraines
Et l’hospice d’une église sereine

Les avenues sont les mêmes mais
Nouvelles sont assises les demeures
Où figurent des rois et des reines

DEVASTATION

On a bu de ce monde la coupe altière
Le poids de ceux qui pèsent
Et meurent dans le produit de la terre

On a menti, bafoué, escroqué le corps
Ses os et ses muscles
Pour en faire l’esprit qui souffre

On a supplanté aux arbres des cactus
Pour que saignent les lobes de la terre
On a vendu au plus offrant la liberté

Pour qu’elle s’éteigne dans des feux échoués

L’évolution passe par l’arrêt du monde, chaque fois que l’histoire a évolué le monde s’est arrêté. Aujourd’hui il y a un blocus sur l’arrêt. Il faut absolument arrêter le monde et passer par une de ces failles, il faut trouver un espace dans le temps, car c’est en cela que consiste cet arrêt. Mais cet espace peut être le paradis autant que la face cachée de la lune, et il n’y a aucune justice pour cet espace, pas de celle des hommes du moins.

Vous devez tuer le monde et les gens, tuez les, trouvez la faille, tuez ce putain de monde et trouvez la faille. Il y a toutes sortes de failles, il y en a une qui ne pense plus, les sons y sont des amis qui vont et viennent. Tuez ce putain de monde, tuez le, tuez ce putain de monde. Il est hostile, il est méchant, il n’est pas fait pour les singes évolués que nous sommes.

Vos grands projets n’aboutiront jamais, mais le meurtre sain, le meurtre du monde seulement et cette faille qui est en soi, elle n’est pas dans les livres de religion, elle n’est pas dans les projets ou la politique, elle est en soi cette putain de faille, elle est personnelle et je ne pense pas qu’elle puisse s’appliquer au monde entier, à tout le monde.

Cette putain de faille est en vous, cette putain de faille si elle est reliée aux autres c’est que tout va mal, car ce putain de monde ne la tolère pas cette putain de faille. Je n’ai pourtant rien fait, on m’utilise, mais je serai toujours le gardien de cette faille, je ne peux pas vraiment faire autrement, elle m’aspire et elle est l’insouciance.

L’insouciance m’attire comme un aimant.