Mojave ghost.

Un peu de pensée magique du soir.

Je ne suis pas un charlatan, mais je me suis rendu compte de l’organisation du cosmos. Ce qui est perceptible nous oriente vers telles ou telles actions qui sont postérieures à cette perceptibilité et qui sont donc contrôlées, pardonnez-moi, par une force très spécifique. En étudiant les phénomènes cosmiques avec mon intuition j’ai été amené (ou choisi ?) à m’en rendre compte.
Tout un tas d’hypothèses sur la situation mondiale actuelle peuvent être faites par ce biais-là. Qu’il y ait un caractère moral ou punitif à l’accès au bonheur qui est bloqué est un fait qui me parait de plus en plus indéniable, tout en générant toutes sortes de conflits politiques principalement qui ne sont pas à l’origine du problème, mais le saisissent seulement superficiellement.
J’ai toujours été un homme très rationnel, j’aurais été le dernier croire en cela, mais je l’ai bien remarqué pour ce qui me concerne du moins. Et le fait que j’ai des troubles psychiques bien entendu ne fera pas de moi quelqu’un de crédible…

Il est probable que ces phénomènes agissent avec tout le monde sauf que vous ne vous en êtes jamais rendus compte, et que vous ne pouvez par conséquent les concevoir au prix d’une prime folie. Cela pourrait expliquer pourquoi bien souvent le bonheur dépérit avec l’âge, lorsque ce ne serait qu’une conséquence de ces phénomènes et cette organisation.

Mais pas un mot hein !

L’oeil du faune.

Ce qui se reproduit le plus je pense ce sont les schémas, bien plus que de quelconques héritages, oui ce sont bien les schémas qui se reproduisent, d’une manière étrange, parfois doucereuse, parfois terrible. On reste la même personne, arbitraire, mais tout se forme autour de soi d’une manière qu’on a déjà connue. C’est pour cette raison que parfois nous ne sommes pas étonnés, nous avançons et nous évoluons sur terrain connu, quoi qu’il nous arrive. Nos rencontres nous semblent convenues et tout va pour le mieux. Dans les bons moments seulement, ou chez des personnes de bonne fortune. Mais des cycles infernaux se reproduisent aussi, des choses terriblement connues, enfouies et lointaines. Et ce malheur semble connu aussi, cette triste expérience ne nous étonne plus. Ces schémas, ces cercles sont de véritables rides sur l’eau, et la pierre tombe et s’échoue au fond.

Ces cercles nous rassurent, ils nous bercent et décident de nos désirs et nos joies, ils nous forment.

Je vous en prie, pensez à moi et venez m’accorder le plaisir de votre présence, ajoutez vos cercles aux miens, que la spirale soit bonne ou mauvaise qu’importe. Brisez les mauvais cercles, agissez en bonne intuition et non pas selon des désirs lourds et obsolètes. Venez donc joindre vos cercles aux miens, ils formeront un tourbillon, qu’importe donc qu’ils nous élèvent ou nous abiment, puisque nous voulons fuir au ciel ou dans le centre de la terre.

Il n’y aura pas de romantisme, mais la parole peut y mener parfois, du sensationnalisme. Ce sont bien des sens qui sont en cause, par-delà cet écran, des sens sont en éveils et veulent se situer sur une place et une terre neuve, la terre neuve peut exciter les sens, mais l’esprit les enferme et se cloisonne, les sens seulement lui apportent de quoi se renouveler.

Je ne dois tout qu’à moi, mais j’éveille sans cesse les mêmes désirs. Faites donc cesser toute malédiction, et je vous emporterai sur l’aile du désir, et de l’ennui !

LE MESSIE

La nuit expéditive ne se dore pas
Du jour déliquescent
Elle meurt dans les trombes
Absconses du jour qui se démunit

Les jaloux organisent des joutes
Leur petitesse exprime sa grandeur
Au néant de la lumière
Mais le soleil radieux de l’élu

Envenime le vide et détend
Les filaments dentelés et purs
De l’obscure étreinte de son corps
Avec le monde et ses poussières

Voilà ce qu’on dit de l’éternité chez un poète messieurs dames les romanciers !

Un peu de condescendance envers les romanciers !

Eh oui les romanciers et les romancières s’intéressent souvent aux familles. Peut-être ont-ils peu d’émotions métaphysiques comme les poètes et les poétesses, peut-être sont-ils amputés d’une petite part d’eux-mêmes, et errent-ils dans un périmètre plus étriqué que les seconds. Ils tâtonnent, et ils recherchent des raisons, ils ont abandonné la métaphysique. Ils sont rangés, on les voit un peu taiseux et taiseuses dans les villes, regarder vers le bas bien souvent, même s’ils lèvent les yeux au ciel ! Ils ont abandonné la partie, et se réfugient parmi les leurs, n’espérant plus les grands espoirs qui les ont pris par accès, il y a des millénaires déjà ! Les romanciers et les romancières tâtonnent, plus souvent dans la convenance que l’indicible, ils tentent d’éclaircir leurs échecs, ils sont un peu tristounets. Parfois des eaux vives émergent, mais pas souvent, leur condescendance envers eux-mêmes les rattrapent. Ils n’ont pas de grands trésors à offrir au ciel, ils tâtonnent dans les eaux noires, la nuit tombée, s’extasient d’un crépuscule et de petites formules. Ah s’il leur viendrait l’élancée d’un poète, ils et elles riraient avant de rentrer au bercail, retrouver les leurs !

Oh le beau bateau sur les flots noirs.

Encore !

Je vais me remettre peu à peu, une nouvelle fois, encore une fois, encore, je vais me remettre peu à peu, encore une fois, encore, jusqu’à la prochaine fois, encore et je progresserai, et encore, je devrais me remettre, encore, encore une fois, je vais me remettre, et j’accumulerai de l’expérience, encore, encore une fois, je vais plaire, puis déplaire, encore, encore une fois, je vais rêver, encore, et peu réaliser, encore, rêver, encore, et peu réaliser, encore, et encore je devrais me remettre, encore, et progresser, encore, acquérir de l’expérience, encore, pour pouvoir me remettre, encore, écarter les crises encore, peu réaliser malgré l’expérience, encore, encore, progresser, me remettre, rêver, rêver, être heureux, peu réaliser, encore, encore, encore.

Je vais regretter, plaire, déplaire, culpabiliser, me délivrer, encore, encore, encore !

J’ai compris que les valeurs s’entretiennent, que la misère dépend de l’exception, et vice versa. J’ai compris que des valeurs égalisées, ravalées, nivelées, créent une misère générale et que tout cela en restera au stade de l’illusion. J’ai compris qu’il n’y a pas de revendication à la poéticité du monde, à la sensibilité, sans contrepartie, et sans privilèges. J’ai compris que les humains dépendent les uns des autres, et que pour cela un conflit nécessaire a lieu, que ce conflit est l’origine des intentions et des interdépendances. J’ai compris qu’il n’y a pas d’entente suprême et synthétique, qu’il n’y a pas de monde parfait où tout est comme dans un rêve. J’ai compris que le rêve est mou, et que le réel est dur. J’ai compris que les mélanges créent des confusions, et des misères, et des diminutions de l’être, de la valeur.

DESTINEE

Des jumeaux sont nés, et ont construit
Une chaine de montagne véloce
Des cornes ont étayé une belle lumière
Dans la belle figure d’une bible

On a joué avec les sédiments du livre
L’un s’en est allé, l’autre a prié
Plus rien ne faisait office de bible

Le livre s’est divisé, rien n’est sorti
Qu’un bourgeon fébrile
Et des palmes d’acier

LES MURS

Je te parle entre les murs voisine
Le béton qui véhicule le bruit parfois hurle
Mais ma voix se lancine sur les bords
Et au fond de la matière te répond

Je te parle de ma folie exquise
De ses tendons et de ses muscles voisins
J’épèle le nom d’une folie mesquine
Et parle allégrement de ce qui me fuit

Nous sommes les locataires d’une immense
Perdition et du salut de notre ère
Nous vivons dans la grande alchimie
Les murs sont les réduits de nos cris.