La frontière.

L’inversion de la vérité objective et optimale crée des remous et des dysfonctionnements. La pensée n’a plus un libre cours. Pour les adeptes de l’inversion, une part d’eux même fonctionne à plein régime, mais l’autre est à un point mort. Ils sont tels d’excellents sportifs courant au bord d’un gigantesque mur frontalier, chantant les louanges du pays voisin, ou plutôt espérant un jour le peupler. Pour les réfractaires à cette inversion, ils sont encore les habitants de cette terre promise. C’est comme s’il y habitaient déjà ou ne l’avaient pas quittée. Ils ont encore des mœurs anciens ou à venir. Il leur reste un pays en eux.

Vous savez pourquoi je déteste être à zéro, quand il n’y a plus d’immanence ou d’ivresse en moi ? Car on peut dire que vous n’êtes rien, rien dans ma vie en tous cas, ce qui revient au même. Tout doit ainsi provenir de moi et uniquement de moi, parfois avec quelque support où l’autre a un semblant d’existence, que j’anime moi-même par ailleurs. Le terme moi vous semble revenir souvent dans ce texte ? Eh bien vous devriez comprendre pourquoi. Mais allons plus loin encore : n’êtes vous pas les exploiteurs froids et insensibles de mon soleil intérieur ? Et comment ferez-vous quand vous n’aurez plus de ressources d’exploitation ? Croyez-moi, quand il n’y a plus d’immanence en soi, il n’y a plus rien, sauf l’exploitation.*

  • Ou bien son dérivé la séduction, chez les hommes comme chez les femmes.

Interesting.

Le saut du tremplin de Théodore de Banville.

Une civilisation qui n’exploitera plus personne s’affaiblira rapidement. Comment vous allez faire sans moi ? Vous pouvez cependant devenir schizophrène pour cela, mais ce n’est pas vraiment souhaitable.

Le problème qu’il y a avec ces couillons, c’est qu’ils veulent faire une civilisation, après, avec tout cela, à partir de moi. C’est un instinct bien humain hélas, c’est comme se gratter le cul à table, ils ne peuvent pas s’en empêcher, ils veulent toujours faire une nouvelle civilisation, toujours. Ils auraient mieux fait de faire une gare TER à Charenton. Mais revenons, ce qui différencie l’homme de l’animal, c’est qu’il projette son instinct de survie, et ça donne le désir de faire une nouvelle civilisation. Toujours, toujours.

Vous violez Dieu, c’est pour cela qu’il réagit. Je ne suis même pas sûr que ce soit moi qu’il protège, mais c’est fort possible. Vous violez la création, l’ordre naturel, la vérité, l’évolution, etc.

Comme beaucoup de grands penseurs, je viens d’un milieu paysan. J’ai toujours été surpris par la pauvreté du vocabulaire que je retrouvais au foyer, par des habitudes que je savais surannees. J’étais convaincu qu’on y avait vécu la disette en temps de guerre, ou quelques régimes autocratiques. Les formules toutes faites et creuses y faisaient légion, ainsi que des peurs anciennes. C’était l’an 40. Heureusement je trouvais à l’extérieur la modernité, notre époque, des amis. Je réussis à développer un langage instruit peu à peu, ainsi qu’une intuition pour fuir ce carcan et cette paysanerie. Rusé, je laissai penser à mes tuteurs quelques fois que je partageais leurs principes et leurs règles, et que j’appréciais leurs fonctions familiales. Dès mon indépendance, je découvris la grande culture, avec laquelle j’avais eu déjà quelques familiarités, des systèmes de pensée variés ainsi que la richesse du vocabulaire. Je m émancipai de la paysanerie définitivement. J’y ai conservé néanmoins quelques aptitudes aux jurons et à la vulgarité, parmi lesquels j’avais évolué dès ma naissance.

Le lyonnais tiens tiens… Ça sent le roussi.

La secte aurait elle été fondée en 69, Serge ?

Comme je vous l’ai dit on ne m’a pas envoyé de brochure à ma naissance pour m’expliquer quoi que ce soit. Mais voyez donc comme j’ai été amené à tout savoir par moi-même. Vous n’avez rien fait pour moi quand j’allais mal il y a des décennies. C’est le signe de votre mal et son silence sera inflammable au plus haut point. J’abolirai peut-être même l’art, et ferai danser les éléments. Cette angoisse pourrait les faire mal agir Florian, ce sont des enfants, et ce n’est pas par mon égoïsme que j’ai dompté les éléments. Que cela est angoissant, accordons nous une trêve !