aéroport salle d’embarquement
par claire le 19 avril, 2010
Levant
par claire le 12 avril, 2010
Si je jette un regard en arrière
(à ce moment où on quitte l’île)
c’est pour voir encore celui qui
– très loin –
nu et brun
mesurait la hauteur de l’eau,
sondait sa transparence.
En dessous comme une grande écharpe
noyés
les rochers couverts d’herbe et le sable blanc
l’eau, contraire du soleil.
Je le devine à peine de si loin
droit, figurine
portant au milieu de lui ce blason
noir centré de pâleur.
C’est la dernière image de mon enfance
debout au bord de l’île de l’enfance
son corps pousse violemment
en avant le bateau.
presque rouge
par claire le 12 avril, 2010
Une flamme presque rouge, dans l’espace incolore du froid
gazeuse et rouge
une flamme pour prisonnier Une idée de feu qui traverserait
les vêtements et la tension musculaire
et voyagerait
à travers l’espace
Une idée qui serait aussi
une réalité qu’on peut avoir pour soi.
Ce qu’on voit naître
parfois
sans y avoir pris aucune part.
squelette
par claire le 12 avril, 2010
de temps en temps me vient vraiment l’idée de mon squelette.
avant cela me faisait peur
mais peu a peu
l’idée de cette architecture mobile
intérieure et pourtant si perceptible
l’idée des articulations, des ligaments
dissimulés par la peau
et l’obéissance de ce corps me plaisent
comme une maison d’enfance qu’on n’a pas perdue.
me plait maintenant qu’il lui arrive de me faire un peu mal
comme une personne pleine de prévenance
qui vous comprend et doucement parle
de ce qu’on commence a comprendre.
lieux
par claire le 31 mars, 2010
dans la courbe du fleuve dans la boue lisse,
dans le bras du fleuve
(vois leurs dos mouvants, bougeant
et ce qui monte vers le soleil léger)
les bras comme des marches de fleuves
les voix comme de petites compagnes.
rien n’est perdu et tout revient
de là, de l’autre côté du fleuve
le dos des tanches, leurs nageoires
brillant au soleil,
sillonnant la boue tiède
– des embrassements
qui vont fouiller dans le corps les méandres sensibles.
°
ta beauté, c’est ce qui s’élève entre nous
et partout quand je pose la main
sur la beauté de ton corps.
la beauté de ton corps n’existe pas seule
même la tension de poser la main
commence à créer quelque chose.
°
une île perdue au milieu d’un espace, d’une fente de nuit confuse
île cassant le rythme des vagues
– et fines vagues des poils sur l’avant bras
sur les phalanges des mains au repos.
émergeant, triangle, d’une nuit
flancs, sommeil que je ne connais pas.
j’aborde l’île, écrasée
par l’assaut phosphorescent des vagues
je vomis tout ce que j’ai bu malgré moi.
l’inverse d’un fleuve : un cône sombre noyé de brume, en surplomb.
il appuie sur les yeux quand on dort à ses pieds
dans le sable grenu.
on touche la mort dans son sable.
je vois tes cercles, tes criques
les bras de la mer pénétrante
je cherche un nom pour t’appeler, déchiqueté.
le froid.
l’étrangeté descend en nappes des flancs de tes montagnes
île sans habitant, idole :
je te regarde comme une chose qui jamais ne regardera
je t’assigne une absence de nom.
une chaleur naît du refuge,
du cordon de dunes. une tristesse vibre à l’horizon.
…il y a quelque chose d’illusoire
dans mes propres odeurs, mes vêtements.
buis
par claire le 31 mars, 2010
.
les buis ont escaladé la colline, tordus
brouillant le haut des troncs
de leur verdeur noire.
les buis ombragent l’esprit pour te ramener
aux parfums passés : urine de félin
braillant dans l’arrière-cour un désir,
brin sec
au-dessus d’un lit d’enfant. toiles d’araignées
où se renfoncer.
ange rampant
par claire le 30 mars, 2010