Claire Ceira

travelling latéral

par claire le 19 mars, 2019

j’ai glissé pendant des jours
à la surface d’un fleuve
ou d’un canal ancien et rectiligne orienté d’est en ouest.
il n’y avait aucun choc, l’eau me portait comme de l’huile.
ainsi je suis sortie des lieux
que je connaissais.

les maisons, les rives d’herbe
le bruit murmurant des avions au-dessus
le voyage des nuages dans l’autre sens
c’était comme si le ciel et la terre
me quittaient doucement
s’effaçaient.

je me disais qu’on ne désire vraiment que l’aventure, l’ailleurs
mais qu’au bord du pays des autres
au bord du mystère
debout sur la frontière on ne sait que voir, deviner.
on peut pas appartenir, alors on glisse.

à chacun sa langue intime maternelle, dont les subtilités échappent à tout autre personne
Рforc̩ment ̩trang̬re.

ainsi depuis la ligne de partage je regardais, je passais debout sur la péniche de ma vie
et ton pays défilait dans l’autre sens sous mes yeux, majestueux et ordinaire
avec ses maisons aux façades offertes.

je tendais l’oreille
imaginant les gens à l’intérieur des maisons
attentive à ce qui sortait des cheminées ou des portes-fenêtres
entrebâillées sur les jardins qui bordent l’eau.
comme ces cavités, ces ouvertures du corps
attendant d’être remplies
de sons, d’images ou de nourriture
ou du contact d’un autre corps sensible.

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