J’aspirais initialement à ne rien dire de ma vie et ne jamais prendre la parole, mais j’ai trouvé un silence plus grand que mon désir : celui des autres. C’est ainsi que je suis devenu bavard, en moi-même, puis véritablement soliloque. J’étais, disons, comme une jeune fille qui faisait confiance aux adultes, et puis disons, j’ai comme ouvert un manuel d’histoire vous savez, où l’on voit, par exemple, des massacres perpétrés par des régimes politiques, et puis j’ai aperçu que j’étais l’un de ces massacrés. Quelle fut ma surprise ! Je me suis mis à ne plus faire confiance aux autres, vous savez, comme une jeune fille qui fugue*. J’ai vu aussi que l’ignominie était récompensée, qu’elle prêtait à rire. J’ai perçu toute l’horreur accumulée du monde, vous savez, comme un enfant condamné à mort pour avoir été un enfant. Et vous savez quoi ? Je me suis diverti et amusé, mais pensez-y, face à l’abjection la plus totale.

  • Vous vous souvenez du dernier drame en date, pensez-y bien.

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