Un écrivain imaginaire décida un jour de faire une conférence au Collège de France sur l’ensemble de son œuvre, qui s’était en réalité résumée à une angoisse de la page blanche. Il obtint sa conférence et la salle fut comble. Pendant sept heures, le conférencier nous parla de son impuissance à être et à vivre, et l’auditoire fut conquis. Tous se reconnurent pleinement dans ses propos. Une demi heure après l’ovation, quelqu’un cria, « je suis un bon à rien ! » et tous lui répondirent, et au nom de « nous sommes des bons à rien ! », ils évacuèrent la salle et envahirent la ville de Paris. Un parfum de révolution les animait. Nous sommes des bons à rien, suivez nous. Certains restèrent perplexes, d’autres rirent, et certains les suivirent, abandonnant leur travail. Nous sommes des bons à rien, rejoignez nous. La foule compacte s’épaissit, se propagea, et arriva aux extrémités de la rive droite, puis aux départements voisins. Le lendemain, après que tous se furent endormis d’épuisement, le réveil fut rude et le pays à l’arrêt. Nous voulons des croissants entonna la foule, nous voulons des croissants !