B.

by Florian

Le président de Groland incarne le mieux ce qu’est un président : à savoir quelqu’un qui préside une nation. Et quelle nation unie et forte que celle de Groland, quelle cohésion, quelle stabilité, quel ensemble harmonieux et quels idéaux communs et partagés ! Quelle unanimité, quelle qualité de vie, quelle connivence, quelle fraternité, quelle sincérité, quelle absence de démagogie. Groland n’est pas une parodie, c’est un rêve réalisé. Ce pays est merveilleux ! Et quel génie de comprendre que c’est dans la fatalité qu’on est uni, quelle grandeur, quelle profondeur de ne pas désirer au-delà du possible, quelle honnêteté, quelle dignité ! (humour)

Encore du Brueghel quelque part. Ah si Brueghel avait été Français, combien il nous aurait apportés, c’est l’éternel maillon manquant des illusions du progrès. Il nous aurait guidés vers l’hermétisme populaire, comme ce que voulait ce bon vieux Hegel dans le fond, qui après nous avoir éclairés sur la notion de contenu dans la préface de son oeuvre majeure, la conclut étrangement et presqu’incompréhensiblement en disant que la population doit être faite de pions sur des échiquiers. Idéalisme, radicalisme allemand.

Vous avez remarqué aussi que Kirsten Dunst observe hypnotiquement des oeuvres de Brueghel dans le Mélancolia de Trier, oui Brueghel montre la mort, mais il montre aussi la sublimation, le noir et le blanc, même avec des couleurs chatoyantes. Il montre parfois des paysages de rêves, nocturnes, bien que séraphins et colorés, un monde décharné mais vivant et sans souffrance, ce monde perdu de l’absence de désir, ce monde unique de la fatalité que perçoit Kirsten avant de mourir : oui voilà qui nous sommes. Des pions, des paysans, des pauvres gens et voilà où nous retournerons, une fois avant de mourir, voilà ce que nous perdrons, ce monde minéral autant que vivant. Elle ne pleure pas le monde qu’elle a connu, elle se tourne vers l’homme, vers ce qu’il a été, et vers ce qui ne sera plus, car ce qu’elle a vécu, elle se rend compte que ce n’était rien, et que la mélancolie l’avalera.

Ah Brueghel !