by Florian

LA RAISON DES NAUFRAGES

Mais c’est pour garder un bon souvenir de moi
que tu es partie
c’est pour enlever au corps du papillon ses ailes
arracher au fumier sa mauvaise essence
c’est pour me tancer dans un infini mouvant
pour me faire vivre des alacrités des salaisons
des désarrois opaques où la lumière derrière
est la lumière du nord des septentrions
où j’ausculte la dernière paroi
où les falaises de roches ont cette vision en elles
de roches plus lointaines où le givre
n’a pas encore eu lieu
pour me faire me sentir friable parfois à ce point
que je dois être en plein crépuscule
pour mesurer une dernière fois le violet et le brun
qui plaisaient à ma culpabilité

je ne me départis pas de ton héritage
je ne bouge plus
et ne subsiste qu’en de vastes bancs de sable
ensevelis par le train du jour le grain
que des folies subalternes découvrent
la puissance de n’exister
que dans les fondrières du doute
où je guéris d’une humaine platitude
en étant plus enfoui encore qu’une lune
et qu’un noyau dans un estomac