Les monstres

by Florian

 

Cet homme là était immonde

Une petite teigne,
Une perfidie
Une petite teigne pleine de nerfs
Pleine de fiel et de bile
Un fouet vivant, encombrant

Je le haïssais
Tout comme je haïssais tous ceux qui lui ressemblaient
Il y en avait beaucoup
Je connaissais nombre de sac à ordures
De disharmonies vivantes,
De manquement à l’honneur
A la présence vivante

Je les leurrais
Et jouais avec ces outres grimaçantes
Ces pervers racornis
Ces bêtes hargneuses
Je jouais avec ces farces outrancières

Je savais mesurer l’amplitude du jeu
Le lieu de la brûlure
Sans jamais m’y blesser
Je soufflais sur les blessures
Les crevasses de l’âme
Les fils destructeurs de la pensée
Les barbelés qui s’étaient fixés
Sur la ligne d’horizon de leurs cervelles

J’apprivoisais ces êtres sarcastiques
Ces ânes idiots qui n’y voyaient rien
Je faisais d’eux des chiens assoupis
Des chiens gentils aux lèvres pendantes

Et pourtant s’ils m’y prenaient
C’eût été l’hécatombe
Le terrible revers
Qui les aurait déchainés bien plus qu’à leur habitude
J’aurais eu à me terrer, à fuir
Mais là aussi rien, je me servais du feu de colère de l’un
Pour apaiser celui de l’autre
Je valdinguais ainsi entre les monstres

Tous se haïssaient comme soldats déments
Ivrognes hallucinés, convaincus
Que l’autre était le pire des monstres
J’étais le point de bascule
L’oasis où puiser la gaité
Cesser de se confondre aux autres

J’étais brûlure de soleil et de réjouissance
Jour de charité, puits d’espoir
Ils ne manquaient de me prévenir
Si jamais tu touches à un autre monstre
Et cesse de croire à moi seul
Qui fait de toi un être si charmant

Moi, qui savais adoucir les mœurs des monstres
Savais puiser cette science
Le jeu du feu et du lustre
Le savoir de l’espace exact
Où se situait la clémence de chacun