by Florian

LA SOIREE DU BOLOSS N°1

Le boloss voulait trouvait des filles. Mais par malchance, nous étions dans un quartier de jeunes étudiants cultivés. Pas de chance pour lui, je pressentais déjà la soirée foireuse. Je sentais qu’il l’aurait mauvaise en sortant de là, je ne pus être mieux servi, quitte à être humilié en sa présence. Donc ils s’assirent tous deux, celui que j’aimais bien quoi que sacrément influençable, à la table adjacente de celle où buvait la belle qu’il devrait être plaisant de connaître. Manque de chance comme je l’ai dit, on a des idéaux à Mouffetard, on est punk, on est poète, on est cool, on est susceptible parce que tout cela. Donc très vite le chef sort à mon ami que j’aimais bien : « ma copine couche même quand elle a ses règles », donc voilà, première humiliation, je le sentais quand on a monté la rue Soufflot, j’allais assister à un tel spectacle, mais sûrement ils comprendront que je n’ai rien à faire avec eux, ceux de la table d’à côté. Alors on sort ensuite, et dehors le petit futur agent de communication qui n’y arrivera même pas se met à brancher les copines à la fille impossible et là paf ! le même lui sort : « Tu veux te branler avec moi ? » paf ! j’étais trop heureux, je les quitte peu après, je leur avais bien dit, ça ne m’intéresse pas, encore je m’en suis bien sorti, je me suis expliqué, j’aime les relations qui se font sur le long court, les beuveries c’est bien, mais c’est nous parmi les autres, un petit cercle où l’on se sent bien, dans un grand cercle concentrique où l’on se sent bien aussi.

Je n’aime pas qu’on vienne gâcher les règles, les beaux principes. Franchement il n’a rien lu, il ne connaît rien des jeunes qui oeuvrent dur et bien pour que la vérité se fasse, pour que sortent au grand jour ceux ou celui qui possèdent l’émotion juste, le désir juste, l’empathie ou la folie qu’ils sculptent en se dévouant à leur cause, pour que ces pauvres petits se sentent moins seul, aimés, reconnus par eux au moins, eux qui savent. De beaux sculpteurs, voilà ce qu’ils sont et ils ont l’œil aussi, ils voient tout de suite c’est dingue, ils savent rien qu’en voyant ce qu’il y a derrière le beau front de ceux ou celui qui passent leur chemin, qui écoutent leur musique, qui dépriment. Ils ont en horreur les arrivistes et ils ont raison, en horreur les corps squelettiques, ceux qui n’ont que les fondamentales bestiales en eux et ils aiment, ils admirent ceux dont les fondamentales pissent cent fois au-delà, ceux qui ont la chair du réel, du rêve, le réel et le rêve comme on l’entend chez eux.

En rentrant les choses se sont mises au clair, j’écoutais le dernier album que j’ai téléchargé et là j’ai vu, j’ai compris toute le chaînon de la jeunesse, leur jeunesse, c’était comme si je les entendais chanter, en écoutant leur musique, en les écoutant encore piailler dans leurs verres, tout au fond, où l’on sent l’alcool et la voix et le désir, le rêve juste qu’ils arrivent à maintenir, même avec des litres d’alcool, là où le pauvre petit va s’effondrer, ou gueuler encore plus qu’eux, mais quand même s’effondrer, et je pensais que mon ami influençable était un de ceux-là mais qu’ils n’ont pas pu le voir, parce qu’il était mal accompagné. Bien vite je ne pensais à rien, je pensais juste, c’est le mieux pour ne pas être frustré, transpirer l’été ou geler l’hiver. Le mieux a toujours été la communion, à sa manière, avec le bon album téléchargé, le dernier si possible, pour que sonne le neuf, pour qu’on ne s’ennuie pas un instant. Chanter, piailler dans les verres, pour eux, sur le vif, et pour l’autre, à distance, en leur honneur, comme eux ont une pensée au fond de leur verre, toujours.