by Florian

Confluence

On m’avait dit que la clarté est un état où cesse toute agitation et tout trouble. C’était vrai Aristote le disait. On voyait des monts et c’était comme des sachets d’infusion qui se succédaient. On voyait grand, on était libéré des eaux troubles. Tout semblait ce nuage estival et ce calme des fleuves, et dans la chambre même d’une maison de santé ou d’un hôpital on était heureux. Si l’on venait à jalouser un fait, une personne, si une coïncidence nous contredisait c’est que l’origine était trouble et qu’il n’y avait pas à s’en faire. Mais l’état dans lequel on était ne dépendait que de la manière de synthétiser et de grandir l’atmosphère, de respirer. Tout apparaissait alors comme authentique, parfois un peu trop rustique, si bien qu’on risquait de s’ennuyer un peu de cette odeur d’étable ou d’établi. Mais des fleurs posées ou du bon vinaigre nous aideraient à passer le cap de ce nuage clair qui n’est qu’un pan de vapeur dans le clair ciel où tout est vigoureux, où l’on s’élance dedans, où l’esprit s’apprête à voler dans les clairs courants que l’aigle fend de ses ailes.
Mais la clarté semblait faiblir, et les distances qu’elle mettait dans la pièce devenaient des insomnies. Le courant trouble avait ceci qu’il était l’expérience de cette clarté et dans la tangente à ce monde où régnaient des iguanes, l’ancienneté peu à peu ne voulait plus se concentrer dans des poussières, mais aligner des futurs qui seraient faits d’une matière plus compacte et surtout plus génésique. Alors on quittait les objets, et des rêves, bien qu’ils puissent être si clairs, nous amenaient de temps à autre dans des hémisphères secrets où pulsait la genèse. Là où l’homme n’est pas allé, là où il se projette, là où il est né pourtant, depuis les siècles des premières cellules jusqu’aux premiers miasmes du cri de l’enfant. Alors les choses n’étaient plus que soi, le chaos n’était pas moins clair non, les formes avaient plus de significations. Les feux trempaient dans les eaux.