Claire Ceira

dans le musée de la chasse (en vers de 8 puis 6 mots)

par claire le 7 novembre, 2018

toutes les pièces sont tapissées de bois sombre
et de tissus veloutés, riches comme les feuilles
que l’automne oxyde, rougit et martèle…puis
fait tomber. Dans le musée de la chasse
on voit aux murs les beaux animaux morts
avec leurs yeux brillants et leurs armes aiguës
de cornes et de griffes, de dents et
leurs douceurs : poils et plumes – grands et petits
tous différents. Sont aussi rangées savamment les armes
qui servent à les tuer, fer et bois
imaginées fabriquées et ornées, lissées par leur usage.
Et les dieux habitant les bois, hommes-animaux
femmes au sein découvert, et les hommes chassant ;
leurs épieux, entre les lances serrées des arbres
les cimes dressées comme pour cacher le ciel.
Le rouge sang signe les tableaux, une sorte
de fureur inconnue luit dans les yeux peints
que le peintre voudrait capter et rendre éternelle.

Bêtes et gens traversent quelque chose, un bref
instant de vérité après la poursuite et soudain
tout s’arrête, la chaleur quitte le corps
sauvage (il faudrait un musée de la cuisine
pour lui rendre justice). Pourtant rien n’est
triste dans ce musée, le mystère des forêts
de la vie juste effleuré par la mort.
Terre et arbres et nuit désir et lumières
et tous les savoirs anciens sont à demi-
cachés dans les vitrines et les petits tiroirs
où l’art se glisse comme chez lui.

Art de reconnaître et de voir
Art de traquer art d’attendre
Art de flairer et d’entendre
Art de viser art de prendre
Art de nommer et de comprendre
Art de peindre et de sculpter.

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